LETTRE D’ALESUND (76)

(de Bergen à Alesund)

du Mercredi 21 Juin au Mardi 27 Juin 2017

Malgré un temps à grains nous avons tous bien aimé Bergen. A une cinquantaine de mètres de Balthazar s’étalent les tentes du fiskmarket. Endroit le plus animé de Bergen les Norvégiens et les touristes s’y pressent ; les saumons et les préparations diverses de gravlax y abondent au milieu de crevettes, langoustines, homards, lieux, églefins, lottes, poissons tigres, etc.... et surtout de pattes et morceaux de crabes géants. Ces bestioles atteignant 10kg et un mètre d’envergure pullulent en Norvège. Découverts par des pêcheurs ébahis il y a une quinzaine d’années ils ont envahi ses côtes. Arrivés en masse depuis la région de Mourmansk où les russes avaient implanté cette espèce originaire de la Sibérie orientale et du Kamtchatka ils ont d’abord été vus comme une menace avant de faire la richesse de toute une région. A tel point que maintenant des quotas de pêche sont établis par bateau (4560 kg quand même). Pouvant survivre une trentaine d’heures au moins hors de l’eau ils sont expédiés vivants dans le monde entier à des prix qui peuvent atteindre 60€ le kilo, notamment au moment des fêtes. Comment ces bêtes qui doivent être terriblement impressionnantes sous l’eau avec un masque se manipulent-t-elles, je n’en sais rien.

Chaque tente prépare sur des plaques chaudes des brochettes en tous genres ainsi que des plateaux de coquillages que l’on déguste avec force bières. Ce sera notre déjeuner de demain. Maurice et Bertrand se lanceront même dans la dégustation de ces jumbos crabes.

C’est là que Michel (Guyot) et Anne-Marie aimaient acheter, lors de notre passage en 2005 sur Marines, des poissons crus dont ils se régalaient au petit déjeuner. Pour moi le poisson cru au petit dej ce n’est pas mon truc, le poisson en général non plus d’ailleurs. Je soupçonne que l’huile de foie de morue que ma mère me forçait à ingurgiter, à en vomir, à la fin de la dernière guerre n’y est pas pour rien. Anne-Marie a petit à petit réussi à me réconcilier un peu avec le poisson en le préparant délicatement et j’avoue apprécier ici le gravlax et les brochettes de poisson frais avec une bonne bière.

Sur le quai Bryggen, juste devant nous, se dressent des maisons anciennes datant du XVIIIième siècle, en bois, étroites et hautes, reconstruites à l’identique, après un grave incendie, de celles qui abritaient les maisons de commerce allemandes à l’époque de la Ligue Hanséatique. Les marchands allemands, en commençant par la coopération entre Hambourg et Lübeck en 1241 développèrent une puissante alliance pour développer et protéger leur commerce en Baltique et autour de la mer du Nord. Ils ne reculaient pas devant l’usage de la force, y compris le blocus de villes récalcitrantes Norvégiennes ou comme Bruges pour arracher des privilèges, c’est-à-dire l’exclusivité de leur commerce.

C’est ainsi que ces maisons de commerce exclusivement allemandes avaient transformé Bergen en un comptoir par lequel tout passait.

L’une d’entre elles, parmi les plus anciennes, à un jet de pierre du bateau, abrite le musée Hanséatique. Il nous raconte 400 ans d’histoire et d’échanges commerciaux, basés sur le troc (il n’y avait pas d’échanges d’argent) pour l’essentiel entre les morues séchées et l’huile de foie de morue norvégiens et les céréales et la quincaillerie allemandes. On y voit les locaux qui servaient à peser, puis assembler et stocker d’énormes « fagots » de morue séchée transportés sur de grosses et longues brouettes. Des dortoirs rassemblaient les lits bretons du personnel. La pièce étroite en forme de comptoir était le royaume du comptable. Sur un pupitre en bois un livre de compte très ancien est ouvert. Il est émouvant de voir comptabiliser d’une écriture fine et soignée à la plume le nombre de « fagots » de morue séchée en face de chaque nom norvégien avec la date. Le fagot était normalisé au poids de 75kg. A l’étage au-dessus le patron disposait d’un appartement plus confortable mais austère quand même. Planchers, plafonds, murs étaient en bois. A cause des risques d’incendie qui ont ravagé plusieurs fois Bergen la cuisine et l’éclairage par bougies étaient interdits dans toutes les pièces sauf une ou deux pièces communes où l’on venait se réchauffer autour d’une cheminée et faire la cuisine.

Albertine (alias Michèle Guyot) ainsi que Bénédicte et Bertrand arrivent comme prévu Mercredi après-midi. Maurice et Dany ont réservé une chambre d’hôtel non loin du quai. C’est la relève d’équipage. Un apéritif suivi d’un dîner à bord nous réunit tous les huit comme le déjeuner du lendemain au fiskmarket avant que Maurice et Dany prennent le chemin du retour. Ils emprunteront le chemin de fer reliant Bergen à Oslo. Celui-ci réserve, nous diront-ils, des vues magnifiques sur la côte et les montagnes norvégiennes encore enneigées qu’il escalade jusqu’à plus de mille mètres d’altitude. D’Oslo un ferry les emmènera, par mauvais temps et mer forte, à travers le Skagerak à Copenhague avant de prendre l’avion pour Paris.

Que font les dames à Bergen en escale par temps pluvieux ? Du shopping bien entendu ! Et chacune de revenir qui avec un blouson couvert de roses, qui avec un élégant imperméable matelassé et très léger, qui avec des tours de cou délicats, qui s’appellent buff m’explique Bénédicte ; no limit pour leur imagination, leur fantaisie et leurs envies.

J’ai invité Frédéric à prendre l’apéro à bord. Frédéric est un navigateur solitaire français d’une quarantaine d’années. Accro de pêche il sillonne depuis deux années la Norvège, du Spitzberg au cap Lindesnes (au Sud) sur Eliot, son sloop à la coque verte en acier de 13m. L’hiver il le tire au sec dans un port norvégien et s’en retourne en France. Quand il est en manque de soleil, comme en ce moment, il s’envole rejoindre son autre bateau aux Canaries. Il nous raconte ses parties de pêche en mer ou dans les torrents et rivières de Norvège et est fier de nous montrer sur Eliot la baignoire sabot qui lui sert surtout de vivier semble-t-il. Je n’ai pas osé lui demander de quoi il vivait. Enjoué et sympathique, content peut-être aussi de rompre sa solitude, il viendra sous la pluie le lendemain matin nous saluer et nous larguer les amarres. Les voiliers français sont rares ici. Salut Frédéric !

Vendredi 23 Juin. Je passe et repasse mes calculs et épluche les plans et documents du bateau concluant que la tête de mât de Balthazar est à 23,47m au-dessus de la flottaison. J’estime mes antennes en tête de mât à un mètre, soit un tirant d’air théorique arrondi à 25m. Dans les innombrables fjords et sunds de l’archipel norvégien les ponts et passages de câbles aériens abondent. Je dois écarter certaines routes à cause d’une hauteur libre insuffisante. Mais il va falloir me résoudre à valider dans le monde réel la « clearance » de 26m si je veux emprunter la très belle route sinueuse à travers l’étroit Radsund puis une série de petits fjords en quittant Bergen. Mais ces valeurs théoriques sont-elles exactes ? Quelle est la pression barométrique ? OK j’ai 1018 HPa, cela me donne 5cm de marge (à noter que si j’avais une pression dépressionnaire de 983 HPa par exemple je perdrais 30cm car 1HPa = 1cm de hauteur d’eau et l’atmosphère standard est égale à 1013HPa). OK, par rapport à la ligne de flottaison théorique calculée par l’architecte Balthazar en charge avec tous ses impedimenta de croisière est plus lourd et donc enfoncé de quelques cm supplémentaires. Mais mon mètre de marge pour couvrir imprécisions et erreurs éventuelles doit être un peu juste. Pour assurer le coup, je choisis de temporiser pour me présenter à mi-marée devant ce pont. Je gagne ainsi 75cm de marge supplémentaire (les marnages sont faibles ici ,1m en ce moment). A bien viser le passage sous la pancarte blanche affichant 26m en gros caractères entre deux traits horizontaux, accrochée au milieu et point le plus haut du pont. Vu d’en bas c’est sûr, ça ne passe pas. Avance lente bien calé sur la pancarte, il faut bien finir, en serrant les fesses, par compter sur les calculs, les plans et la petite marge de tirant d’air que je me suis donnée. Ouf ! c’est passé avec une marge réelle très difficile à estimer d’en bas. Allez estimer de la rue l’espace séparant le sommet d’un immeuble de 8 étages de la flèche d’une grue le coiffant de l’ordre d’un mètre. C’est promis j’accepte dorénavant les clearances de 26m en passant à mi-marée mais pas moins. J’écarterai ensuite quelques itinéraires interdits pour Balthazar par des ponts de 25m ou moins. Il faut bien se fixer une limite à ce jeu avant de perdre ses antennes, voire son mât.

Oserai-je pour une ligne à haute tension de même « clearance » ? Pas sûr car ce serait en prime l’incendie instantané assuré. Bertrand me dit qu’il a vu une vidéo d’un voilier faisant l’expérience. Boule de feu en tête de mât puis incendie quasi instantané et équipage direct à la patouille. Combien vaut ce risque supplémentaire ? Un mètre de plus ? Pour l’instant je ne l’ai pas décidé et m’abstiens dès que les câbles sont au-dessous de 30m. Bien sûr on peut essayer de passer au ras des rives pour esquiver le bas de la chaînette mais comment estimer le gain obtenu ? Quel est le paramètre de cette chaînette ? Quelle marge prend le cartographe quand il porte une hauteur libre sur une carte ? Qui peut garantir qu’en remplaçant le câble il n’a pas été un peu moins tendu ? Heureusement les innombrables câbles qui apportent l’électricité dans les îles sont ici pour la plupart sous-marins pour faciliter la circulation des bateaux et, pour l’instant, ceux rencontrés étaient soit très hauts (à 40m ou plus) soit très bas entre de petites îles jumelles.

Après ce très beau parcours à travers les Byfjord, Radfjord, Lurefjord, et Fedjefjord Balthazar traverse le grand Fensfjord et se dirige vers l’entrée invisible d’un mouillage de rêve, Vikingvägen ( par 60°52’,02 N et 4°54’,42 E), ancien repaire de Vikings peut-être, sur l’île de Byrkenesoy. Au dernier moment le passage étroit qui permet de pénétrer à l’intérieur de l’île se découvre, à donner du tour pour parer des hauts fonds sur bâbord. Balthazar se faufile pour pénétrer dans une sorte de lac de montagne à l’eau parfaitement immobile. Des bruyères et des mousses couvrent largement de jolies collines faites de granit aux courbes douces passées au rabot par les anciens glaciers. Le soleil du soir, qui ne veut plus se coucher perce par moments la couche nuageuse en faisant, tel un spot, des tâches de couleur orangée. Nettoyée par les averses l’atmosphère est d’une limpidité extraordinaire.

Abrités de tous les vents nous sommes dans la main de Dieu. Là à tribord je reconnais l’endroit où j’avais mouillé avec Marines en 2005. Moi qui suis très piètre plongeur et claustrophobe par-dessus le marché j’avais dû prendre terriblement sur moi pour parvenir, en deux longues séquences incluant des séries de plongée en apnée séparées par une nuit de repos (malgré la protection de la combinaison de plongée j’étais épuisé par le froid et les efforts), à scier avec un poignard de plongée petits morceaux par petits morceaux l’orin que j’avais bêtement pris dans l’hélice. Sur Marines je n’avais pas la place de mettre un coupe orin dans l’étroit espace entre la bague hydrolube de sortie de l’arbre et l’anode collier qui protège l’hélice. Enroulé et souqué à mort jusqu’à faire caler le Perkins 6 Cylindres il était dur comme une barre de fer et autocoincé dans cette gorge profonde et étroite. Impossible de le dérouler. Souvenir, souvenir…

Vous comprenez donc pourquoi j’ai équipé Balthazar d’un coupe orin bien affûté qui m’a déjà tiré d’affaire plusieurs fois. La seule fois où j’ai dû plonger en 9 années de navigations nombreuses cela m’a pris 5 minutes et deux plongées en apnée aux îles Scilly, au retour du Groenland, pour retirer le tout petit bout effiloché qui restait d’un bout flottant de pêche ramassé dans le port de Dingle en Irlande et qui empêchait l’hélice de se mettre en marche arrière (j’ai une hélice repliable).

Prudemment je vais tout au fond du lac, après le resserrement appelé Klubben sur la carte où parait-il la boue du fond serait de meilleure tenue que la boue liquide à l’origine du dérapage de Marines.

Le lendemain par temps encore couvert laissant quand même passer quelques rayons de soleil, un nouveau dédale d’îles, îlots, passages resserrés que les norvégiens appellent sund et que nous appellerions chenaux ou goulets, nous permet de passer du Fensfjord au vaste Sognesjoen. Ce large passage conduit à l’immense Sognefjord qui s’enfonce de 115 milles dans les montagnes, c’est-à-dire par exemple la distance qui sépare Porquerolles de Calvi. C’est le plus long fjord de Norvège. Curieusement alors qu’il n’est profond que de 200m à son ouverture, il atteint la profondeur de 1200m à l’intérieur des terres. Laissons ce géant sur tribord pour nous engager dans le plus intime Ytre Streinsund qui nous fait déboucher dans le Lagoyfjord.

Nous avons choisi là en ce début d’après-midi la délicieuse petite île de Faeroy (population de 15 personnes entre les pêcheurs et les fermiers ! Il est vrai qu’avec une population atteignant tout juste 5 millions d’habitants les norvégiens ont de la place sur leurs côtes immenses et formidablement découpées). Entrée dans le port minuscule de Vassadalen (61°12’,2 N 4°49’,9 E) en laissant un petit môle sur tribord ; un chalutier occupe la place principale, un quai de courte longueur protégé par des pneus est réservé à l’accostage de ferries modèles réduits qui desservent les petites îles, trois ou quatre barques, c’est tout. Seule solution pour loger Balthazar dans ce tout petit espace, accoster en marche arrière au chausse pied à un petit ponton au ras du brise lame en positionnant précisément la poupe malgré le vent de travers heureusement modéré pour ne pas toucher une petite passerelle reliant un mini ponton pour quelque barque juste à côté. A relever à fond la dérive, Bertrand saute sur le ponton pour déplacer une jolie barque à clins et libérer une place presque suffisante pour Balthazar ; vérification de la hauteur d’eau pour que les safrans ne touchent pas les blocs du brise lame à marée basse, c’est bon ; à reculer tout doucement en s’aidant du propulseur d’étrave et du nouveau minisafran derrière l’hélice. Sans lui je n’y serais pas arrivé sans dommages. Un îlien travaillant sur le petit quai du ferry nous interpelle en nous expliquant qu’il n’y aura pas assez d’eau à marée basse. Je lui explique que nous disposons d’une quille relevable. Il en est tout étonné n’ayant probablement jamais vu un aussi gros voilier entrer dans ce tout petit port et doté d’une quille relevable. Vive le dériveur intégral équipé d’un safran derrière l’hélice ! Une des deux grandes (100m chacune) aussières flottantes est déroulée et frappée à une trentaine de mètres à un énorme anneau scellé sur le brise lame pour tenir l’avant de Balthazar au cas où du vent se lèverait de travers en venant de la mer. Avec l’aussière arrière également frappée au vent sur le brise-lame nous soulageons le petit ponton qui n’est pas à l’échelle de Balthazar. Cela ferait désordre de partir le ponton attaché à Balthazar jouer les auto-tamponneuses à travers le port.

Promenade charmante sur le chemin traversant l’île. Cela nous ravit de retrouver l’odeur des vaches et de l’herbe fraîchement coupée.

Dimanche 25 Juin. Appareillage sous une averse. A hisser les voiles pour une belle navigation à la voile, trop rare au milieu de toutes ces îles, au largue, puis travers puis petit largue. L’indre leia (route intérieure) traverse successivement les Buefjord, Afjord, Stavfjord avant de déboucher sur le large Froysjoen. Ce milieu d’après-midi c’est devant le vieux port de pêche de Kalvag (61°45’,9 N 4°52’,7 E) que nous affalons les voiles pour embouquer la passe d’entrée de ce très joli petit port. A peine nos amarres tournées à un ponton une vedette conduite par deux marins en casquette blanche, debout en tenue impeccable, arrive d’un grand yacht à moteur des années 30 mouillé au large. Sur la banquette du milieu un couple à l’allure royale et plus très jeune se tient assis, raide, avec une couverture épaisse sur les genoux. Les gens nous informe qu’il s’agit d’Olaf V et de la reine en vacances. Accueil en toute simplicité semble-t-il au ponton se trouvant devant un bar restaurant où je viens quelque minutes après payer ma dîme puisqu’il gère aussi les pontons du port.

Le lendemain le baro remonte, la petite dépression qui nous suivait s’éloigne ; nous sommes gratifiés d’un ciel de traîne avec quelques rayons de soleil et temps frisquet.

La remontée du fjord de Froysjoen réserve un paysage de plus en plus alpin : sommets enneigés, cascades, sapins. Le virage à 90° nous fait pénétrer dans le Fafjord en dévoilant les superbes et raides parois rocheuses des Hornelen. A embouquer le Ulvesund en laissant Maloy sur bâbord. Le vent a fraîchi et devant nous se dresse une presqu’île massive aux montagnes relativement élevées s’avançant loin en haute mer. Les houles, les courants et de très nombreux récifs en font un cocktail peu apprécié des marins norvégiens qui redoutent le franchissement du Statt comme ils le désignent. Nous nous arrêterons dans ce séduisant petit port de Silda, bien abrité derrière son môle, sous le vent de collines boisées couvrant cette petite île. Endroit idéal pour attendre dans un cadre agréable les meilleures conditions pour passer l’obstacle.

Peu après nous arrive un Oceanis 54’ (les norvégiens ont beaucoup de voiliers de fabrication française ; il est vrai que la France le plus grand producteur de voiliers au monde) battant pavillon norvégien et piloté par un solitaire. Je vais l’accueillir pour lui saisir ses amarres.

Jolie balade dans la lumière du couchant sur un chemin de gravillons fins desservant de belles maisons norvégiennes, aux peintures impeccables entourées de jardins soignés. Atmosphère de paix et d’harmonie. Le chemin se perd dans un sentier improbable nécessitant de se tenir par endroits à des cordes. Nous pourrions ainsi faire le tour de l’île mais ce sentier à peine tracé, envahi de végétation, trop scabreux et trop spongieux repousse l’équipage plus très jeune qui fait demi-tour.

Revenus au bateau un toc toc retentit dans la coque. Voilà le gaillard de l’Oceanis venant bavarder avec nous. A l’apéro il nous apprend qu’il a décidé de caréner son bateau à Oslo il y a moins d’une douzaine de jours puis mise à l’eau et appareillage aussi sec. Et le voilà après avoir parcouru au large et au galop les immenses côtes de Norvège depuis Oslo (côté Skagerrak en face du Danemark), ayant viré au Sud le cap Lindesnes, puis remonté les côtes côté mer de Norvège, arrivant ici avant de franchir le Statt demain. Son épouse médecin le rejoindra au Nord de Trondheim. Très peu d’escales, très peu de sommeil. Comment s’appelle son bateau ? « Vitesse » écrit en français !

Le temps calme du lendemain, Mardi 27 Juin, nous permet de franchir tranquillement, c’était le but, le Statt, par une route intérieure bien balisée au milieu d’innombrables récifs sur lesquels la houle brise en gerbes d’eau d’un blanc éclatant. Le cap franchi la navigation se poursuit agréablement en empruntant successivement les Hallefjord, Rovdefjord et Vartdalsfjord. En laissant sur tribord le fameux Geirangerfjord que nous visiterons en voiture et ferries après-demain le Sulafjord nous conduit dans la rade Nord d’Alesund. Balthazar laisse sur tribord le port commercial et ses grands bateaux de croisière pour se faufiler dans le vieux port au cœur de la plus jolie (d’après le vote des norvégiens) ville de Norvège. Il se termine par un étroit goulet où deux bateaux se croisent difficilement, bordé d’élégantes maisons art nouveau colorées. Un norvégien déplace gentiment son bateau pour nous libérer une place en créneau au dernier ponton, devant le pont bas, centre de la ville, qui barre l’extrémité du goulet côté Nord. Des petites vedettes peuvent le franchir pour rejoindre par là la rade Sud de la ville construite sur l’eau. Nous ferons là escale pour deux jours.

Aux parents et ami(e)s qui nous font la gentillesse de s’intéresser à nos aventures nautiques à travers ce carnet de voyages.

Pour lire d’autres lettres de Balthazar ou voir des photos et documents visitez le site de Balthazar artimon1.free.fr

Equipage de Balthazar :

Le capitaine, JP (Merle), Mimiche (Durand), Jean-Pierre (Merle), Bertrand et Bénédicte (Duzan), Albertine (Michèle Guyot).